Quelques poèmes

Le Crayon

J’ai taillé mon crayon et les mots sont venus
Comme un débordement, vagues en avalanches,
Se sont couchés, ravis, sur une plage blanche
Pour que rien de ma vie ne soit jamais perdu.

Poésie, d’où viens-tu ? D’un ailleurs de lumière
Dont nous ne percevons que de pâles reflets ?
Peut-être habites-tu dans cet enfant qui naît
Et que tu porteras de ta plume légère ?

Il est bon de prêter une oreille attentive
A ce souffle subtil qui caresse le cœur
Tel un murmure tranquille qui chante la douceur
Et nous fait accéder à cette source vive.

J’ai taillé mon crayon et je suis éblouie
Non par la page blanche peu à peu colorée
Mais par le jaillissement soudain de la pensée.
C’est peut-être cela, un peu de poésie ?

Claude, le 3 juin 2022


Un enfant pleure

Je ne supporte pas les larmes d’un enfant.
Tout mon cœur se déchire à chacun des sanglots.
D’où vient cette blessure ? Du plus lointain des Temps ?
Pourquoi me hante-t-elle, ainsi qu’un lourd fardeau ?

Les pleurs des tout petits ne sont pas vains caprices.
Ils disent, comme ils peuvent, la peur qui les saisit.
Les grands ont oublié leurs propres cicatrices
Et ils n’entendent plus ce qui pour eux est Bruit.

Je voudrais que jamais un enfant ne pleurât,
Qu’il soit toujours exempt de toute violence
Et que son cœur grandisse dans la belle Espérance
D’un monde où tout est beau, d’un monde où tout est Joie.

Je ne supporte pas les larmes d’un enfant.
Jusqu’à mon dernier souffle, je le caresserai
Afin qu’il s’épanouisse au souffle du printemps
Et que son âme danse sous les ailes du vent.

Claude, le 5 janvier 2009


Vivre en lisière

Comme la biche court le long de la clairière, 
Attachée au sous-bois de notre vie sur terre, 
Bien ancrée dans ce sol où vécurent mes pairs, 
Mais détachée de lui pour atteindre les airs, 
Je veux vivre en lisière. 
 
J’écoute les fougères frémissant sous mes pas, 
Et les feuilles de chêne qui fredonnent tout bas, 
Mais je fuis les loups qui rôdent aux abois 
Et les chasseurs cruels que la mort n’effraie pas. 
Je veux vivre en lisière. 
 
Je contemple souvent la route de ma vie 
Ses sentiers pierreux et ses talus fleuris. 
Mais tout en même temps, je goûte à l’Infini 
Qui m’ouvrira ses bras quand je serai partie. 
Je veux vivre en lisière. 
 
Être là, bien présente, le tablier noué, 
Le cœur ouvert aux vents d’amour et d’amitié 
Et cependant ne point tenter de m’attacher 
Pour qu’à la fin, l’envol se fasse plus léger. 
Je veux vivre en lisière.
 
Souffrir de ce monde qui entretient la nuit, 
Adore les ténèbres, se vautre dans la suie
Et cependant, savoir que la Lumière jaillit
Au bout de cet abîme, dans un Ailleurs promis.
Je veux vivre en lisière.
 
Comme le funambule qui marche sur un fil,
J’aimerais bien danser, silhouette fragile,
Entre ces deux espaces, autour de ces deux îles
Et goûter l’équilibre de l’éternel tranquille.
Je veux vivre en lisière.
 
Claude, le 29 novembre 2021

Travelling

Lorsque mon âme est fatiguée,
Je monte au chemin de Chailler
Qui offre une vue élargie
Sur notre pays si joli.

Sous mes pas dansent les sauterelles
Sur un rythme de tarentelle.
Le muret glisse sous mes yeux.
La Dame est fixe sous les cieux.

Voiture jaune, c’est le facteur
Parfois messager de bonheur.
Et toujours filent devant moi
De nos vignes, les sillons droits.

Mes pas rythment ce mouvement.
Ainsi, tout bouge en même temps.
Mon cœur et mon âme, ravis,
Exultent devant cette magie.

Oui, tout avance doucement
Sauf à Buisante, depuis longtemps,
Notre Dame des vendangeurs
Immobile, dans sa douceur.

Claude, le 20 août 2020


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